La tentation.
Souvent nous prions « ne nous laissez pas entrer en tentation mais délivrez nous du mal » et parfois il nous semble n’être pas exaucés car subissant la tentation nous tombons dans le péché. Mais ce n’est pas que nous ne sommes pas exaucés, c’est que souvent notre prière ne correspond pas à notre attitude réelle
Aujourd’hui nous lisons dans l’Evangile que Jésus a été tenté par Satan.
Saint Jean Chrysostome commente : « Jésus-Christ, qui se propose de nous instruire par ses paroles et ses actes, commence après son baptême par habiter le désert, et il y combat contre le démon, afin que tout chrétien, après son baptême, apprît à supporter patiemment de plus fortes tentations, ne se laissât point troubler comme si elles lui arrivaient contre son attente; mais qu’après en avoir vaillamment soutenu le choc, il en demeurât vainqueur. Dieu permet il est vrai les tentations pour beaucoup d’autres motifs, mais il les permet aussi pour faire connaître que la tentation relève l’homme et l’honore » (hom. 13 sur S. Matth.).
« La tentation relève l’homme et l’honore » car elle est un moyen de progresser dans la vertu et d’arriver à la sainteté; comme l’affirme l’apôtre saint Paul (Rom 5, 3-5): « Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même (considérée comme une sorte de tentation), puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance; la persévérance produit la vertu éprouvée; la vertu éprouvée produit l’espérance; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
Dans le même sens saint Pierre enseigne (1 Pi 1, 6-7): « Aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves [par la tentation par exemple]; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or –cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu–, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ ».
« Et aussitôt [après son baptême], dit l’Evangéliste, l’Esprit le poussa (ou le conduit) dans le désert. Par là aussi, l’Evangéliste nous apprend que l’homme ne doit pas s’exposer lui-même à la tentation, mais que si nous y sommes poussés par une cause étrangère, la victoire nous est assurée ». En ce qui dépend de nous cherchons donc à fuir les occasions de péché.
Souvent nous prions « ne nous laissez pas entrer en tentation mais délivrez nous du mal » et parfois il nous semble n’être pas exaucés car subissant la tentation nous tombons dans le péché. Mais ce n’est pas que nous ne sommes pas exaucés, c’est que souvent notre prière ne correspond pas à notre attitude réelle (presque comme si nous ne voudrions pas être exaucés): comme un homme, par exemple, qui rentrant dans les rails du train et s’y tenant debout, voyant venir le train vers là où il se trouve demande à Dieu de ne pas se faire écraser par le train, mais lui, par contre ne fait aucun effort pour sortir du milieu des rails. Disons-le clairement: celui-là ne veut pas être exaucé.
Prions donc notre Bon Dieu: « ne nous laissez pas entrer en tentation mais délivrez nous du mal » et agissons en conséquence: fuyons les occasions de péché, chassons les tentations avec fermeté.
De cette manière s’accomplira en nous la parole de Dieu dans le psaume 90: « Il criera vers moi et Je l’écouterai, Je le délivrerai et Je le glorifierai, Je le comblerai d’une longue vie. V/ Celui qui demeure à l’abri du Très-Haut, repose sous la protection du Dieu du ciel ». Comme cette autre aussi prononcée par notre bon Jésus lui-même: «Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. » (Mt 21, 22).
Jésus, selon l’Evangile selon saint Matthieu, a été tenté trois fois par le diable. Etudions donc les circonstances de cette triple tentation que Jésus ne subit que pour vaincre le démon, nous instruire et nous encourager.
Nous avons trois sortes d’ennemis à combattre, et notre âme est vulnérable par trois côtés; car, comme dit le disciple bien-aimé: « Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie » (1 Jn 2, 16). Par la concupiscence de la chair, il faut entendre l’amour des sens qui se laisse attirer par tout ce qui flatte la chair et entraîne l’âme, s’il n’est pas contenu, dans les voluptés illicites. La concupiscence des yeux signifie l’amour des biens de ce monde, des richesses, de la fortune, qui brillent à nos regards avant de séduire notre cœur. Enfin l’orgueil de la vie est cette confiance en nous-mêmes qui nous rend vains et présomptueux et nous fait oublier que nous tenons de Dieu la vie et les dons qu’il a daigné répandre sur nous.
Tous nos péchés proviennent de l’une de ces trois sources. Le Sauveur, notre modèle en toutes choses, devait donc s’assujettir à ces trois épreuves.
Satan le tente d’abord dans la chair, en lui suggérant la pensée d’employer son pouvoir surnaturel à soulager sans délai la faim qui le presse(« que ces pierres se deviennent des pains »). Lorsqu’il s’adresse à nous, tristes héritiers de la concupiscence d’Adam, ses suggestions vont plus avant: il aspire à souiller l’âme par le corps. Devant cette première tentation le Fils de Dieu nous donne une leçon de tempérance: nous savons que pour nous la tempérance est mère de la pureté (de la chasteté), et que l’intempérance au contraire nous emmène à tous les désordres charnels.
La seconde tentation est celle de l’orgueil. Jetez-vous en bas; les anges vous recevront dans leurs mains. L’ennemi veut réveiller cette ingrate confiance qui fait que la créature s’attribue à elle-même les dons de Dieu et oublie son bienfaiteur pour régner en sa place. Il est vaincu encore par l’humilité du Rédempteur qui épouvante l’orgueil de l’ange rebelle.
Il fait alors un dernier effort. Peut-être, pense-t-il, l’ambition de la richesse séduira celui qui s’est montré si tempérant et si humble. « Voici tous les royaumes du monde dans leur éclat et leur gloire; je puis vous les livrer; seulement, adorez-moi ». Jésus repousse cette offre méprisable avec fermeté et chasse de sa présence le séducteur maudit, le prince du monde, nous apprenant par cet exemple à mépriser les richesses de la terre toutes les fois que, pour les conserver ou les acquérir, il faudrait violer la loi de Dieu et rendre hommage à Satan ou tout simplement ne pas rendre à Dieu ce qui lui est dû.
Jésus, pour vaincre, se contente d’opposer à l’ennemi le bouclier de la Loi de Dieu, le bouclier de la foi. Suivons désormais cette grande leçon. Eve se perdit, et avec elle le genre humain, pour avoir lié entretien avec le serpent. Qui ménage la tentation y succombera.
Dans ces saints jours, que notre cœur soit plus attentif, qu’il soit vigilant en se fortifiant par le jeûne, la prière et l’aumône, pour que nous puissions, suivant l’exemple de notre Sauveur, vaincre les tentations de l’ennemi et arriver aux fêtes de Pâques, spécialement celles de la fin de notre vie, avec un cœur purifié.
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